L’HYPERHIDROSE OU TRANSPIRATION EXCESSIVE
I. GENERALITES :
1.1 La sudation excessive ou hyperhidrose:
La transpiration est un phénomène physiologique, ce n’est que lorsqu’elle devient INVALIDANTE que l’on parle d’hyperhidrose.Ces hyperhidroses contrairement aux idées préconçues sont relativement fréquentes (125 000 cas en France). Nous pouvons tenter d’expliquer la discordance entre cette fréquence et la notion qu’en ont les médecins, par la résignation des personnes atteintes par cette pathologie, qui connaissent par expérience, le peu de résultats des traitements jusqu’alors proposés.L’hyperhidrose est en général bien dissimulée et ceux qui en souffrent mettent en uvre toutes sortes de stratagèmes pour cacher leur invalidité. Cela va de la collection de mouchoirs dans la poche ou dans le tiroir du bureau (mains moites), au changement pluri quotidien des chaussures (transpiration plantaire) ou des chemisiers (transpiration axillaire), jusqu’à l’évitement social complet.Les glandes sudorales eccrines des patients atteints d’hyperhidrose ne montrent pas d’altération significative par rapport à celles des individus normaux. Que ce soit anatomiquement, numériquement, aucun changement tant histochimique, qu’histologique n’a pu être détecté sauf peut-être au niveau de rares naevi sudoraux.
1.2 Topographie :
Adar a tenté dans son étude sur cent cas de répertorier les fréquences respectives des différentes localisations de la transpiration excessive. Il s’avère que c’est la face palmaire des mains et des doigts qui transpire le plus, en association avec
- – les pieds 83% des cas
- – les aisselles 53% des cas
- – la face 1% des cas
- – le cou, tronc, jambes 12% des cas.
Cependant, il est inhabituel de trouver le pied affecté à un degré aussi important que les extrémités supérieures.
2. ÉLÉMENTS CLINIQUES ASSOCIES A L’HYPERHIDROSE :
2.1 Acrocyanose:
C’est une cyanose uniforme, permanente, indolore,localisée aux extrémités, d’intensité et de teinte variable.Elle s’accompagne d’un déficit artériel et la capillaroscopie du lit de l’ongle fait le diagnostic en montrant des boucles capillaires cyaniques, dilatées, ramifiées et un ralentissement circulatoire.Elle est assez fréquemment associée à une hyperhidrose palmo-plantaire qui tend à aggraver le syndrome en raison du refroidissement des extrémités qu’elle procure.
2.2 Troubles dermatologiques associés:
1) Infections: fongiques ou bactériennes prédominantes aux pieds et liées à la macération due à l’humidité constante de la peau. 2) Eczéma: souvent associé, surtout aux mains, sans relation évidente de cause à effet. 3) Bromhidrose: c’est une odeur désagréable de la sueur, qui provient des produits de décomposition bactériens.
3. LES PROBLÈMES PSYCHO SOCIO PROFESSIONNELS :
3.1 Le handicap social:
Surtout ressenti par la population féminine et probablement en rapport avec les contingences sociales liées à l’aspect physique dans notre société. L’hyperhidrose plantaire gêne parfois les rapports sociaux en raison des mauvaises odeurs qu’elle peut engendrer; mais, c’est surtout l’hyperhidrose palmaire qui constitue un réel handicap social, la poignée de main étant quasiment inévitable quotidiennement lors de rapports sociaux normaux.
3.2 Le handicap professionnel:
L’exercice de nombreuses professions peut être gêné par une hyperhidrose palmaire importante: secrétariat, dessin, électronique, métallurgie, horlogerie, musiciens, écoliers, étudiants…
3.3 Le profil psychologique:
Les études psychologiques menées chez des sujets hyperhidrosiques n’ont pas conclu à une élévation statistique significative du niveau d’anxiété; en revanche elles ont montré une faible capacité à affronter le stress et le fréquent besoin d’assistance psychologique.
4. DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL DE L’HYPERHIDROSE ESSENTIELLE :
Si le diagnostic d’hyperhidrose essentielle est un diagnostic d’exclusion, il constitue rarement un problème clinique difficile. Les très nombreuses causes d’hyperhidrose secondaire sont habituellement accompagnées de caractères cliniques évidents. En pratique, une hyperhidrose palmo-plantaire bilatérale favorisée par l’émotion chez un sujet jeune, en bonne santé, ne peut guère faire douter du diagnostic.