LA SUDATION
1. LES GLANDES SUDORALES :
La transpiration joue un rôle capital dans la thermorégulation de l’homme, lui permettant d’assurer l’homéothermie indispensable à ses métabolismes, malgré les variations du milieu extérieur. Des deux variétés de glandes sudorales, seules les glandes eccrines assurent cette fonction. Elles sont l’apanage de l’homme (et du cheval) à l’inverse des glandes apocrines odoriférantes localisées aux aisselles et aux régions génitales dont le rôle sexuel se trouve partagé avec le reste du monde animal.
Les glandes eccrines :
Elles sont réparties sur l’ensemble du corps à l’exception des régions anales, orales et génitales. Elles sont responsables du plus grand volume de transpiration.
1.1 Histologie :
Ce sont des glandes exocrines simples pelotonnées.Elles comportent:- une portion sécrétoire représentée par un tube extrêmement contourné et pelotonné sur lui-même situé dans la région profonde du derme, voire dans l’hypoderme superficiel. Sa structure est faite d’un épithélium cubique simple, les cellules reposent sur une lame basale dont elles sont séparées par des cellules myoépithéliales.- un canal excréteur gagnant la surface de l’épiderme par un trajet hélicoïdal. Dans sa portion intradermique il s’agit d’un canal dont la paroi est faite d’un épithélium cubique bi stratifié. Dans son trajet intra épidermique le canal excréteur ne possède pas de paroi propre. Son diamètre moyen est de cinq à dix microns.
1.2 Support vasculaire :
Il est riche, provenant d’une artériole hypodermique qui se divise en trois ou en quatre petites branches qui forment les mailles d’un filet autour de la portion sécrétoire de la glande sudorale.
2. MECANISMES DE CONTROLE DE LA SUDATION :
Ils sont nerveux et hormonaux.
2.I Mécanismes nerveux :
Ils comportent les nerfs sudoraux et les centres nerveux sus-jacents.Ils stimulent directement la sécrétion sudorale (transpiration).
2.1.1 Les nerfs sudoraux :
Ils forment un riche réseau de fibres cholinergiques autour de la glande. Une partie est destinée aux cellules sécrétrices et les autres innervent les cellules myoépithéliales motrices. La sécrétion glandulaire et la contraction myoépithéliale peuvent être stimulées expérimentalement par les agonistes muscariniques parasympathiques comme la néostigmine et inhibées par les antagonistes de l’atropine. Actuellement il est établi que les glandes peuvent être stimulées par les agonistes cholinergiques et adrénergiques a et b. La réponse à une stimulation b est généralement faible. Comme toutes les stimulations nerveuses, celle-ci est sous la dépendance du taux de calcium ionisé extra cellulaire; ainsi, les ionisations calciques augmentent la sudation. Par contre, les fibres b adrénergiques semblent être uniquement dépendantes du taux d’AMP cyclique intracellulaire.
2.1.2 Les centres médullaires et cérébraux :
Le centre principal est situé dans la région pré optique de l’hypothalamus. Il est médian, thermosensible, sans somatotopie. Il envoie des fibres situées dans les racines ventrales de la moelle qui se synapsent dans les ganglions des chaînes sympathiques para vertébrales.Les fibres postganglionaires utilisent les nerfs spinaux correspondants pour se distribuer aux glandes sudorales.Les ganglions D1 D4 innervent les glandes de la tête et du cou, D2 à D8 celles des membres supérieurs, D6 à D10 le tronc, D11 etD12 celles des membres inférieurs.Les voies afférentes sont stimulées par des capteurs sensibles à la température centrale et à celle de la peau.Le taux de sudation est aussi modulé par des paramètres physiques dans le voisinage immédiat des glandes. Elles sont stimulées par une augmentation de température de 5° environ. Une chute de la température locale de la peau, de l’humidité ou du flux sanguin local diminue l’activité de la glande concernée. Une déshydratation systémique diminuera le taux de sudation global.Les centres supérieurs corticaux n’ont aucun effet sur la sudation « chaude » thermique. En revanche leur rôle est important dans la sudation « froide » ou « psychique ». Il en est de même dans ce dernier cas, de la substance réticulée activatrice, zone du maintien de l’éveil.
2.2 Mécanismes hormonaux :
Ils ont surtout une action sur la composition sudorale.Ils permettent lors de la sudation de maintenir l’homéostasie hydro électrolytique. L’aldostérone joue un rôle essentiel dans le contrôle de la rétention sodée par la glande eccrine. Son action est beaucoup moins rapide est sensible qu’au niveau du rein. Il faut un à plusieurs jours pour modifier la sécrétion sudorale de façon importante. Dans la mucoviscidose les modifications de l’élimination sodée sont liées à des conditions pathologiques propres à la glande. L’ADN que l’on avait imaginé avoir une action sur la glande sudorale n’a en effet aucun rôle direct. En revanche, une diminution de la volémie détermine une élévation du seuil de température centrale nécessaire pour stimuler le centre hypothalamique d’environ deux dixièmes de degrés C.
3. COMPOSITION DE LA SUEUR :
La sueur est une solution saline hypotonique (99% d’eau) dont il est difficile de donner une composition exacte qui ne soit pas un cliché instantané tant celle-ci peut varier en fonction du siège, des conditions de renouvellement, du type de stimulation sudorale et de l’adaptation du sujet. L’hypotonicité est constante par rapport au taux sérique, à l’exception de l’urée, de l’ammoniaque, des lactates et des pyruvates.
4. LES STIMULI DE LA TRANSPIRATION :
4.1 La réponse sudorale thermique :
Elle est d’abord liée à un recrutement fonctionnel glandulaire, puis à une augmentation du rendement de chaque glande. Ceci demande un certain temps de latence. Grossièrement, le tronc assure 50% de la sudation thermique, les membres inférieurs 25%, le reste étant assuré par les membres supérieurs et la tête. Certaines zones sont particulièrement actives par exemple: le front, le dos et la région médio thoracique antérieure.Elle est minimale et égale au I/4 de cette intensité maximale au niveau des extrémités des membres. Partout ailleurs elle est de l’ordre du tiers ou de la moitié.En fait, c’est avant tout le tronc qui participe à adaptation sudorale thermique.
4.2 La réponse sudorale psychique :
Celle-ci n’apparaît qu’après un stress émotionnel qui lui a valu le qualificatif de « sueur froide ». Cette sudation est caractérisée par son origine centrale, sa rapidité d’apparition (moins de 20 secondes) qui semble liée à la contraction myoépithéliale chassant la sueur à l’extérieur. Sa topographie est particulière puisqu’elle apparaît en des zones, soit presque exclusivement froides comme les paumes et les plantes, soit en des zones mixtes comme le front, les plis axillaires, inguinaux ou poplités; néanmoins dans une température ambiante élevée, au-dessus de 31°, elle peut se voir sur toute la surface du corps.
4.3 La réponse sudorale gustative :
Elle se produit chez beaucoup de gens normaux après l’ingestion de piment. Cette sudation du visage qui s’étend parfois au cou et à la partie supérieure du tronc est dépendante d’un arc réflexe médullaire. Les voies afférentes empruntent les fibres de la sensibilité douloureuse et les voies efférentes sont du type sympathique cholinergique.